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Quelques pages très utiles pour comprendre et naviguer sur ce blog

samedi 25 décembre 2010

Bob, un jeune homme simple.

 Chers amis, lecteurs, âmes en peine, ou visiteurs égarés de la toile (les catégories ne sont pas exclusives les unes des autres), je vous souhaite un Joyeux Noël. 
Moi non plus je ne dérogerai pas à la tradition qui veut que l'on fasse un petit quelque chose pour Noël (et je laisse à Flightless le soin de disserter sur le caractère utile —ou non- et opportun d'une telle coutume). Voici donc mon modeste présent : un petit texte, dans le genre incipit, qui raconte la vie de Bob. 
En espérant que cela vous plaira et que l'on pourra y donner une suite ... 
  

- Bob ? Booob ? Où es-tu Bob ?

Anna cherchait son frère. Ni dans la cuisine, ni dans le salon ; pas de traces de lui dans sa chambre non plus. Pourtant Bob n’était pas du genre à passer inaperçu : un mètre quatre-vingt-sept de mâle bêtise ; une voix rauque à force d’être basse et qui faisait porter le moindre de ses chuchotements à dix mètres ; des converses «48 fillette», comme il aimait à le dire lui-même ; et une serpillère de cheveux d’ébène dont les folles boucles ne parvenaient pas à ternir l’azur de ses yeux opalins.
La jeune fille rongeait son frein. De deux ans son aînée, et manifestement résolue à rater son permis, Anna était tributaire de son frère pour se déplacer. Bob avait promis de la déposer en ville cet après-midi. Mais à quatorze heures trente, il n’était toujours pas là. Furieuse, elle sortit de l’appartement. La cigarette, la meilleure alliée des attentes indésirables, des temps morts à occuper. Arrivée sur le perron de l’immeuble, elle le vit. Il courrait à en perdre haleine dans sa direction. Au moins le placide jeune homme était-il conscient de son retard. Frustration fugace, bien vite éclipsée par la course du temps, Anna ne put même pas profiter de sa nicotine. A peine eut-il atteint le parking que le frère les fit rentrer dans sa vieille guimbarde avant de démarrer en trombe, direction le centre-ville.

- Tout de même, tu exagères, Bob. On avait dit rendez-vous en bas à deux heures moins dix, articula-t-elle, le moins méchamment possible.
 - Je sais, je sais. Désolé.
- Tu ne penses même pas ce que tu dis ! Fais au moins l’effort de paraître désolé ... crétin !

Depuis toujours, les relations entre eux étaient au beau fixe. Bob avait toujours été un petit frère complice et serviable tandis qu’Anna l’avait choyé comme le font les grandes soeurs dans les livres. Mais depuis qu’il avait fait son entrée à la faculté, il avait changé. Il rentrait tard, partait tôt, et n’écoutait plus qu’à demi ce qu’on lui disait. Immédiatement, elle avait supposé un nouveau groupe d’amis, plus exclusifs, plus mystérieux. Vers le mois d’octobre, elle avait même craint qu’il ne se soit retrouvé embrigadé dans une secte, ou quelque association du même acabit. Mais il n’en était rien ; elle avait plusieurs fois abordé le sujet, de manière plus ou moins directe, et toujours Bob s’était expliqué, sans paraître inquiété ou surpris.

- Tourne à gauche après la sortie du campus, on prendra par la onzième, à cette heure-ci ça ira plus vite.

Bob obéit, comme à l’accoutumée. Mais même là, il semblait différent. Alors qu’il avait l’habitude de ne suivre les instructions de sa soeur qu’après les avoir discutées —juste pour la forme, il ne parvenait jamais à avoir le dernier mot avec elle-, le jeune homme s’était juste contenté d’opiner du chef et d’exécuter. Non, vraiment, quelque chose n’allait pas avec Bob ...

- Et voilà, Madame est arrivée.
- Hmpf, fut sa seule réponse.

Songeuse et passablement inquiète pour son frère, Anna se mit à marcher dans la ville. Bob, de son côté, continua son chemin. Il allait chez Otto. Ce dernier l’accueillit vivement.

- Nom de Dieu, Bob ! Des idées con, j’en ai vu, et beaucoup ! Mais là, c’est le pompon !

Otto, c’était son meilleur ami, l’homme sur qui il pouvait toujours compter, même dans les coups durs ; surtout dans les coups durs. Bien plus âgé que Bob, il avait tenu un rôle à mi-chemin entre le père de substitution et l’oncle dans sa vie. Conscient de la chose, l’étudiant synthétisait cela par le titre de «meilleur ami». Ils entrèrent et Otto leur servit deux cafés, noirs et très forts.

- Bob, reprit-il sur un ton plus doux. Bob ... Je comprends que tu l’aimes cette fille. Et pour l’avoir vue, je te dis même que tu as bon goût. Bon, tomber amoureux d’une lesbienne, nom d’un chien, c’est pas ce que j’appelle une bonne idée ! Mais vouloir se faire passer pour gay afin de devenir son colocataire, c’est carrément malsain Bob !

Marcel Shagi 

6 commentaires:

  1. Ben, Bob. (C'tait une blague, mais ça ne fait rire que moi, épic-fail. Vive Noël.)

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  2. Oui, le prénom Bob revient souvent. Mais, c'est mignon, Bob, non ?

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  3. Oui, très. C'est juste que si on a vu le film The boat that rocked, on ne peut s'empêcher de rire à l'évocation de ce charmant prénom. Ce qui est mon cas : pardonne-moi, mais c'est drôle.

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